L’art du clown de théâtre : un art de l’échec ?
L’art du clown de théâtre serait-il aussi l’art de mettre en scène son « échec » face au public ? Laissez moi vous raconter cette anecdote théâtrale. Je me souviens avoir assisté en live à la performance étonnante d’un ami comédien dont tous les détails sont restés gravés dans ma mémoire, tant elle symbolisait l’art clownesque dans toute sa splendeur.
… et les 1ers rires fusèrent !
Chaussé du nez rouge, mon ami connaissait depuis plusieurs minutes un grand moment de solitude face à un public manifestement « exigeant ». Soudain, pris de rage, il se mit à imiter l’intrusion sur scène d’une « boule blanche » qui, peu à peu, prit sur le plancher toute la place de l’artiste. A la fin de son show, il termina plaqué au mur du fond du théâtre, par cette force incontrôlable. Je crois bien qu’il se fit avaler entièrement. Et c’est à ce moment précis que les premiers rires fusèrent.
… du bide au succès
Bien inspiré, il a fait de son échec, un succès. Il a transformé le « bide » qu’il vivait et tout son mal-être en… une ressource spectaculaire. N’est-ce pas une merveilleuse illustration de l’art clownesque ? En scène, le comédien clown a constamment la possibilité de retourner l’état émotionnel du moment en un acte de jeu grandiose. Certains pédagogues ont illustré cet aspect du jeu par la formule : « l’art d’échouer sa réussite ou l’art de réussir son échec ». J’entends également parler l’aveu. Autrement dit : l’opportunité d’avouer au public son état intérieur, le malaise ressenti de ne pas trouver le chemin du rire (ou de l’émotion). Accueillir et recycler ses émotions dans l’instant présent, voilà bien le levier principal de cet art.